Connaissez-vous cette très belle métaphore de la famille, qui transparaît à travers l’arbre généalogique ? Formant le tronc et les racines, nos ancêtres bâtissent une véritable sculpture végétale qui se développe au fil des générations. L’un des plus anciens arbres généalogiques, l’arbre de Jessé, a servi de référence à la représentation des ascendances royales, aristocratiques, puis plus tard, plus populaires. Partant du tronc commun, tous les membres de la famille grandissent en prenant des directions différentes. Et même lorsque l’on compare le fruit du sommet à la plus grosse branche du bas, la connexion à une même identité commune est bien réelle.
La famille moderne englobe bien plus que ceux qui partagent notre sève, notre sang. Les branches s’étirent pour rejoindre un arbre voisin. L’on y invite volontiers des fleurs étrangères, dont les greffons s’ancrent parfois bien plus profondément que les fleurs naturelles de l’arbre. À coup de ciseaux, l’on découpe et recolle, assemble et dispose à son gré ceux qui constituent notre base ressource. C’est sans doute pour cela que, malgré toutes les évolutions dont elle est témoin, la famille reste une valeur fondamentale.
Comment la puissance des liens familiaux s’exprime-t-elle dans la vie de tous les jours ? Et que nous apportent ces fondations que nous célébrons ou rejetons, sans jamais véritablement pouvoir nous en défaire ?
La famille, un concept ancestral qui se réinvente
Le philosophe et historien Will Durant écrivait en des termes très simples que « la famille est le noyau de la civilisation ». Le célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss renchérit en expliquant que, dans une famille, chaque membre dispose d’un rôle précis, explicite ou tacite. Cette notion renforce sa réflexion sur le fait que la régulation interne de la société nous est principalement instinctive, et que nous en avons rarement conscience.
La famille, c’est une nécessité vitale, une organisation sociale qui permet à chacun de trouver sa place et de survivre, quelle que soit l’époque traversée. En un sens, elle reste proche du terme de clan, qui comprend toujours des parentés entre ses individus.
Si l’on explore l’origine latine du mot, famulus, nous sommes peut-être surpris d’apprendre le sens originel de la famille. Il s’agit en fait d’un droit de vie et de mort exercé par le père sur sa femme, sa descendance, mais aussi ses esclaves. L’idée vous semble terriblement rétrograde ? Elle jalonne pourtant le principe d’autorité parentale. Certes, et c’est bien heureux, notre civilisation contemporaine ne prévoit pas d’infanticide autorisé. Cependant, les parents restent teneurs des décisions finales en ce qui concerne de nombreux aspects de la vie de leurs enfants, comme :
- la façon dont ils sont éduqués ;
- la religion à laquelle ils se soumettent ;
- les activités extrascolaires qu’ils pratiquent ;
- l’alimentation qu’ils adoptent ;
- les personnes tierces qu’ils côtoient.
La famille façonne donc de nouveaux individus d’après des valeurs et des choix qui lui sont propres, souvent influencés par le discours majoritaire. Par exemple, l’éducation non genrée, impensable il y a deux siècles, se développe de plus en plus dans les foyers.
Ce que nos liens avec notre famille nous apportent
Voyons à présent les manifestations précises des liens familiaux dans notre quotidien.
Une meilleure santé mentale
Publiée en 2017, une étude sur l’impact des relations familiales positives atteste que les individus qui bénéficient de liens solides avec leurs proches présentent moins de risque de développer de l’anxiété ou de la dépression. Ce qui est intéressant, dans cette étude, c’est que l’accent est certes mis sur la qualité des liens familiaux, mais aussi sur leur diversité. En d’autres termes, quelle que soit la composition de la famille, cette structure peut apporter du bien-être et soulager le stress des individus concernés.
Un simple coup de fil à votre mère, un verre bu avec votre cousin, un bowling partagé avec vos frères et sœurs participent à maintenir la cohésion de votre santé mentale. En cas de coup dur, vous savez que vous pouvez vous tourner vers votre entourage, et cette seule perspective prévient déjà à elle-seule l’apparition de troubles délétères comme le stress, l’angoisse et les idées noires.
Quand les mots ne viennent pas, que l’éloignement rend les rencontres difficiles, il reste heureusement des solutions pour rester connecté à sa famille. Notre application de partage de photos et vidéos, MemoFamille, vous propose un espace sécurisé sur lequel échanger des contenus avec tous vos proches. En feuilletant cet album photo partagé familial, vous faites immédiatement le plein de bons souvenirs et de soutien émotionnel.
Une meilleure santé physique
Est-ce étonnant que la famille nous pousse à conserver une meilleure santé physique ? Menée durant 8 décennies sur des centaines d’hommes, l’étude Harvard Study of Adult Development met en lumière l’importance des liens familiaux pour vivre plus longtemps (source : https://www.adultdevelopmentstudy.org/). D’après les résultats obtenus, les hommes toujours en contact avec leurs proches présentent une santé cardiovasculaire plus stable, et une immunité renforcée.
Une certaine stabilité financière
Le jeune adulte quittant le foyer n’a qu’une hâte, devenir indépendant financièrement ! Pourtant, l’aide financière des parents ne s’arrête pas à la majorité des enfants. Qu’il s’agisse de conseils sur un investissement locatif, d’avance de trésorerie pour une caution, d’aide pour trouver un travail ou de soutien solidaire en cas de dettes contractées, la famille représente un pôle fréquemment sollicité. L’on se sent parfois un peu obligé, parfois tiraillé, il n’en reste que de pouvoir compter sur ses proches en cas de coup dur ou de doute œuvre à notre bien-être.
Un environnement stimulant pour les enfants
Les enfants qui grandissent bien entourés témoignent, sans surprise, de meilleurs résultats scolaires. Plus adaptables, plus confiants, plus épanouis, ils réussissent globalement mieux dans leur vie. La famille prépare les plus jeunes à vivre à plusieurs. Elle leur enseigne les règles, les codes pour appréhender le monde. Elle n’a pas toujours réponse à tout, elle ne propose pas toujours les meilleures solutions, mais elle est disponible, présente pour l’enfant. Elle constitue en fait un environnement éducatif constant, à travers des centaines de situations vécues :
- mettre le couvert et débarrasser ;
- jouer à un jeu de société ;
- repeindre une chambre ;
- ouvrir au facteur ;
- exprimer son point de vue, écouter celui des autres ;
- organiser un dîner ;
- ranger ses affaires ;
- se disputer, se réconcilier ;
- se mettre d’accord pour une sortie ou un film ;
- prendre soin à tour de rôle d’un animal ;
- se consoler, demander pardon, réparer ses erreurs ;
- et bien d’autres.
Un sentiment d’appartenance et de sécurité
Prenons la pyramide de Maslow, référence en ce qui concerne les besoins essentiels de l’Homme. À l’étage inférieur, les besoins primaires, physiologiques : manger, dormir, avoir chaud, respirer. Tout ce à quoi les parents sont attentifs lorsqu’ils s’occupent de leur bébé.
Viennent ensuite les besoins de sécurité. Nous avons cette nécessité de nous sentir physiquement intègres, non menacés, mais aussi en sécurité dans notre emploi, dans notre logement, dans notre santé. La solitude non choisie, imposée, met en péril notre sécurité. Comme l’indique une étude américaine de 2006 (source : https://psycnet.apa.org/record/2006-08930-001), les personnes qui peuvent compter sur leur famille profitent d’une meilleure qualité de vie, car elles souffrent moins d’isolement.
Rappelons-nous l’époque des confinements. Si vous tombiez malade, peut-être pouviez-vous compter sur vos parents, vos enfants ou vos proches pour vous livrer des courses, chercher vos médicaments, vous offrir un peu d’échange à travers un masque ou une porte. Les personnes sans famille, elles, ont dû faire appel à des associations, débordées par le nombre d’appels. Elles ont vécu des journées difficiles, à la merci de la bonne volonté de leur voisine, craignant sans cesse qu’on les oublie définitivement.
L’appartenance constitue un autre concept majeur. C’est le troisième étage de la pyramide de Maslow. La famille, qu’on l’aime beaucoup ou très peu, nous offre ce sentiment d’appartenir à un tout. Même lorsque la vie nous chahute, que nous perdons nos repères, il nous reste cette certitude de notre cercle familial, de nos racines, de nos origines. Souvent, les membres d’une famille partagent des valeurs, des convictions qui les rapprochent malgré leurs différends.
Et les familles recomposées, monoparentales, adoptives ?
L’administration française classe les familles en fonction de leur composition.
- La famille traditionnelle se constitue d’un couple, et d’éventuels enfants (naturels ou adoptés).
- La famille monoparentale est représentée par un unique parent et son ou ses enfants.
- La famille recomposée comprend des enfants qui ne sont pas issus du couple.
- La famille nombreuse compte au moins trois enfants.
- La famille élargie s’oppose à la famille nucléaire en intégrant d’autres degrés de parenté, comme des grands-parents qui vivent avec les petits-enfants.
- La famille homoparentale comprend deux parents du même sexe.
La solidarité qui s’exerce dans une famille a longtemps dépendu de la présence d’un chef, principalement le père ou le grand-père. Aujourd’hui, la disparition progressive de ce modèle induit de retrouver cette solidarité par d’autres biais : l’échange, le partage, l’écoute et l’entraide, par exemple. Souvent, l’enfant est mis au milieu de la famille, servant de repère et de guide. Mais ce sont aussi les grands-parents qui participent à consolider l’union familiale. En fait, chaque famille invente son propre système pour pouvoir s’y épanouir, certes avec ses faiblesses, mais également ses forces.
La diversité des constitutions familiales est une vraie force pour les futures générations. Elle incite à l’ouverture d’esprit, à la créativité, à la confrontation d’idées.
De bons liens avec la famille pour mieux vivre
Ce qui ressort de cette analyse, c’est que la qualité des liens familiaux exerce un impact considérable sur notre bien-être. Lorsque les enfants quittent le nid, la solidité de ces relations est mise à l’épreuve. Mais il ne faut pas oublier que, au-delà de la parenté, ce sont aussi nos intentions qui nourrissent la famille. Si nous veillons à rester en contact avec nos aînés, à veiller sur notre fratrie, à donner de nos nouvelles à nos parents, nous nous offrons de la sorte un environnement familial aimant et solide sur lequel nous appuyer quand nous en ressentons le besoin.
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